L’avocat.

Pourquoi l’avocat ?

J’aurais pu choisir « Baghouz » (dernier bastion de Daech ou bijou argotique de ces dames), l’écriture de ce billet aurait été rythmée de jeux de mots, de turlupinades, de calembredaines et de bourdes. Trop facile. Alors, non, je n’ai pas choisi la voie de la facilité, mais celle de la santé.

Des problèmes de digestion ? Mangez de l’avocat. Un appétit pantagruélique : encore l’avocat, produit-miracle dont tous les sites diététo-hygiéno-cosmo-sano-végano-friendly vantent l’effet coupe-faim. Du cholestérol ? L’avocat, vous dis-je. Des rides ? Non, faut pas pousser. Avocat ci, avocat ça, avocat do… Sur toutes les lèvres, sur tous les claviers, dans tous les magazines féminins et sur tous les menus de nos brasseries chéries, le petit Mexicain fait des émules.

Vous n’êtes pas convaincu ? Demandez à Donald Trump : le sien, Michael Cohen, est apparu « souriant et détendu », nous dit-on, pour une audition publique devant la Chambre des représentants. Quel rapport avec les bénéfices vantés plus haut ? Le portrait qu’a brossé l’avocat de son diable, pardi (et là, on ne parle pas d’antirides). Soulignant sa honte d’avoir accepté de travailler pour l’homme d’a-fer (oui, l’avocat en apporte aussi), il a donné de celui-ci une description à vous couper l’appétit, voire à vous filer une tourista amincissante. Alors oui, ça n’a pas empêché Oncle Picsou de devenir le 45e président des États-Unis, mais ça fait des lecteurs en plus pour Le Monde ! Et ça, ON ACHÈTE.

Et ce n’est pas tout…

S’il faut continuer de vous convaincre sur les qualités miraculeuses du fruit exotique, j’assènerai un argument tout droit issu de la sagesse millénaire. Aristippe l’a dit : « Un avocat est dans un procès ce qu’est un cuisinier dans un repas. » Le philosophe de Cyrène (qui ne connaissait pas Simon, mais Socrate, so what ?) était un hédoniste soit, n’empêche que les avocats, il en croquait tous les matins au petit déj, comme la Polonaise.

Bref, l’avocaillon a peut-être été condamné à trois ans de prison pour fraude fiscale, parjure (commis d’office, bien sûr, pas exprès) et infraction au Code électoral, mais il l’a dit : il a honte… Le sentiment d’avoir trahi « s’avocation », sans doute. En définitive, ce n’est peut-être pas l’antirides le plus adapté pour Donald, mais que voulez-vous, Triple-Patte se tue à le répéter chaque fois que son canot coule : Abyssus abyssum avocat, l’abîme appelle l’abîme. Id est, fallait pas le chercher.

On aurait quelques difficultés à rattacher aujourd’hui Maître Michael Cohen à l’étymologie de l’avocat « juridique », celui qui était le « défenseur ». Doit-on pour autant l’accoler à celle du fruit ? Car en nahuatl, langue maternelle de l’avocat, āhuacatl veut dire « testicule »…